Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/256

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

décrit le Dogme de l’Ame du Monde dans ſes Ouvrages[1].

Ce Siſtême avoit bien des Partiſans chés les Romains : il en a eu, dans tous les Tems[2] ; & même, depuis peu, Spinoſa l’a renouvellé & mis dans ſon grand Jour. Il a ſoutenu cette Opinion auſſi-bien qu’on peut défendre un Sentiment auſſi erroné, & dont il ſuit des Conſéquences auſſi abſurdes. Il ſuppoſe, qu’il n’y a qu’une Subſtance dans l’Univers, à laquelle il donne le Nom de Dieu. Tous les Etres particuliers, l’E-

  1. Esse Apibus Partem divinæ Mentis, & Hauſtus
    Æthereos dixêre : Deum namque ire per omnes
    Terraſque Tractuſque Maris, Cælumque profondum ;
    Hinc Pecudes, Armenta, Viros, Genus omne Ferarum,
    Quem ſibi tenues naſcentem arceſſere Vitas.

    Virgil. Georgicor. Libr. IV, Verſ. 220 & ſeqq.


    Le même Siſtême eſt répété dans l’Enéïde.

    Principio Cælum, ac Terras, Campoſque liquentes,
    Lucentemque Globum Luna, Titaniaque Aſtra
    Spiritus intus alit ; totamque inſula per Artus
    Mens agitat Molem, & magno ſe Corpore miſcet.
    Inde Hominum Pecudumque Genus, Vitæque Volantum,
    Et quæ marmoreo fert Monſtra ſub Æquore Pontus.

    Virgil. Æneïd Libr. VI, Verſ. 725 & ſeqq.
  2. Alexander Epicureus dixit Deum eſſe materialem, vel non eſſe extra ipſum, & omnia eſſentiabiliter eſſe Deum, vel Formas, Accidentia imaginata, & non habere veram Entitatem, &c. Albertus in I Phys. Tract. III.