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la même manière qu’une Plante, ou un Animal : c’eſt-à-dire, qu’il y avoit une certaine Force répandue dans le Monde, qui en vivifioit les Parties, & entretenoit leur Liaiſon ; enſorte que la Lune, le Soleil, la Terre, les Etoiles, & les autres Globes celeſtes, enfin tous les Corps matériels, compoſoient un Tout animé & vivifié, comme les différentes Parties d’un Animal le ſont dans leur Aſſemblage. Cicéron, en parlant des Philoſophes qui ſoutenoient cette Opinion, cite Straton, & explique les Attributs qu’ils donnoient à la Matiere. Straton, dit-il, Diſciple de Theophraſte, celui qu’on ſurnommoit le Phyſicien, ſoutenoit que toute la Puiſſance de la Divinité réſidoit dans la Matière, à qui il accordoit toutes les Facultez propres à la Génération & à la Conſervation : mais, il deftituoit & privoit cet Eſprit qui la vivifioit de la Raiſon & de la Connoiſſance[1]. Virgile a ſouvent

  1. Nec audiendus ejus (Theophraſti) Auditor Strato, is qui Phyſicus appellatur, qui omnem Vim Divinam in Naturâ ſitam eſſe cenſet, que Cauſas gignendi minuendi habebat, ſed carebat omni Senſu. Cicero de Naturâ Deorum, Libr. I, pag. 56.