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y forment ſucceſſivement & peu-à-peu des Elevations, qui remplacent celles qui peuvent s’abaiſſer dans une autre Partie de la Terre. De notre Tems, une Ile s’eſt formée dans l’Archipel, & eſt ſortie du Fond des Eaux#1. La Mer, depuis Jules-Céſar, s’eſt retirée de plus d’une Lieue, vers les Côtes de Fréjus en Provence. Hérodote dit que, ſous le Regne de Menes, prémier Roi d’Égypte, toute cette Contrée étoit un Marais, excepté le Païs de Thebes ; qu’il ne paroiſſoit rien de la Terre qu’on y voit aujourd’hui, au-delà du Lac qu’on nomme Méris, duquel on conte actuellement ſept Journées de Chemin juſqu’à la Mer. Je crois, dit cet Hiſtorien, tout ce qu’on m’a dit de l’Égypte, voïant principalement qu’elle n’a point de Terre qui lui ſoit contiguë ; qu’on trouve des Coquilles dans ſes Montagnes ; qu’il en ſort une Eau la ſalée, qui ronge même les Piramides ; que la Montagne, qui eſt en Égypte, au-deſſus de Memphis, eſt ſabloneuſe. Si nous voulions nous arrêter à cette Opinion des Ioniens, nous montrerions par ce Moïen, qu’il n’y avoit point autrefois d’Égypte, & que les Egyptiens n’avoient point de Païs de leur Nom.[1]

  1. voïez la Relation de l’Ile de Santorini.