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tible, parce qu’ils croïoient appercevoir quelques Corruption dans les Parties dont il eſt compoſé. L’on peut appeller Régénération, plûtôt que Corruption, ce Changement que nous voïons dans la Matiere. Elle n’eſt ni perdue, ni gâtée, ni corrompue, par les différentes Formes qu’elle prend : &, peut-être, une des principales Cauſes de ſa Force & de ſa Vigueur conſiſte-t-elle dans les apparentes Deſtructions, qui, la ſubtiliſant, lui donnent plus de Liberté pour produire de nouveaux Miracles. Et quand on objecte, qu’on ne voit point de Montagnes s’élever, mais qu’on en voit au contraire qui s’abbaiſſent tous les jours par la Chûte des Rochers ; & qu’il eſt par conſéquent à craindre, que tous les Lieux hauts étant applanis, l’Eau ne ſubmerge la Terre, & ne la détruiſe ; ce qui ne pourroit ſe faire, ſi le Monde avoit été éternel, une Cauſe éternelle ne pouvant prendre fin : on prouve aiſément à ceux qui ſoutiennent ce Sentiment, que la Terre regagne d’un côté ce qu’elle perd de l’autre. L’on a ſouvent vû des Feux ſouterrains, qui, ſoulevant des Maſſes de Terre, & des Rochers d’une Groſſeur énorme, les jettent dans des Plaines, &