Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/249

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

roit, qu’on douteroit, & qu’on diſputeroit toujours, de la Vérité de ces deux Sentimens oppofez :

Semper erit Genus in Pugnâ, dubiumque manebit,

Qod latet, & tantum ſupra eſt Hominemque Deumque,

Je ſens pourtant, que j’aurois eu une ſecrette Inclination, & aſſez de Penchant à croire, que le Monde étoit éternel. Il me paroît, que j’euſſe trouvé aiſément des Réponſes aux Objections qu’on auroit pu me faire. J’aurois ſoutenu contre les Stoïciens, qu’il n’étoit point étonnant, ni abſurde, de croire, que la Maticre avoit été coëternelle avec Dieu, dirigée par lui ; & qu’elle n’en avoit reçu cependant, ni l’Arrangement, ni la Forme, qu’elle a actuellement. Mes Raiſons euſſent rendu mon Opinion auſſi probable que la leur. Car, en ſoutenant que Dieu avoit exiſté de tout Tems avec la Matiere, j’aurois auſſi ſoutenuque, de tout Tems, Dieu avoit réglé ſon Mouvement. N’eſt-il pas vrai, leur eus-je demandé, qu’il n’y a point de Tems dans Dieu ? Ils n’euſſent pu me nier ce Principe, ni celui par lequel j’eus encore établi,