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les Atomes qui avoient formé le Monde par leur Concours fortuït, étant dans un Mouvement continuel & violent, devoient dans la ſuite du Tems occaſionner ſa Ruïne, par les Efforts qu’ils faiſoient pour ſe débarraſſer, & ſe mettre en Liberté. Ils ajoutoient à cela, que tout ce qui avoit pris Naiſſance étoit ſujet à la Mort ; & qu’ainſi le Monde, aïant été formé, devoit auſſî prendre fin. Ces deux dernieres Raiſons n’avoient pas autant de Poids que les prémieres. Elles n’étoient fondées que ſur les Principes des Epicuriens, dont elles étoient véritablement une Suite néceſſaire. Mais, comme les Sectateurs d’Ariſtote ne convenoient point de la Vérité de ces Principes, les Argumens, qui en étoient uniquement émanez, n’avoient aucune Force, & tomboient dans le cas d’être regardez comme des Petitions de Principe.

Si vous me demandez, Madame, quelle eſt l’Opinion que j’aurois crû la plus probable, ſi j’euſſe vécu du Tems de l’ancienne Athenes, je vous dirai, que j’euſſe peut-être penſé comme Manile, qui, avouant que l’Eternité & la Création du Monde étoient également au-deſſus de la Portée Humaine, aſſû-