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tent dans les Plaines[1]. Le Feu, les Incendies, les Orages, brifent & emportent tous les Corps l’un après l’autre. Et peut-être quelque-jour le Monde, ébranlé par quelque violente Secouſſe, tombera en Ruïne ; & les Atomes, dont il eſt formé, ſi diviſeront & Senfuïront en Liberté dans l’Eſpaçe immenſe du Vuide[2].

Les Epicuriens tiroient de l’Aſſemblage des prémiers Principes ou des prémiers Corpurcules de la Matiere un nouvel Argument. Ils prétendoient, que

  1. Denique non Lapides quoque vinci cernis ab Ævo ?
    Non altas Turres ruere, & putreſcere, Saxa ?
    Non Delubra Deum Simulacbraque feſſa fatiſci ?
    Nec ſanctum Numen Fati protollere Fines
    Poſſe, neque adverſus Natura Fœdera niti ?
    Denique non Monumenta Virûm dilapſa videmus ?
    Non ruere avolſos Silices à Montibus altis,
    Nec validas Ævi Vires perferre patique ?

    Lucretius de Rerum Naturâ, Libr. V, Verſ. 307 & ſeqq.
  2. Ne Volucrum ritu Flammarum Mænia Mundi
    Diſſugiant ſubitò magnum per Inane ſoluta ;
    Et ne Çætera conſimili Ratione ſequantur ;
    Neve ruant Çæli tonitralia Templa ſupernè,
    Terraque ſe Pedibus raptim ſubducat, & omnes
    Inter permiſtas Terræ, Cælique Ruinas
    Corpora ſolventes abeant per Inane profondum,
    Temporis ut Puncto nihil exſtet Reliquiarum,
    Deſertum præter Spatium, & Primordia cæca.

    Lucretius de Rerum Naturâ, Libr. I, Verſ. 1095 & ſeqq.