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rangement de l’Univers ; au lieu que les deux prémiers Principes intelligens, que ſuppofoient les Egyptiens, leur faiſoient trouver aiſément la Cauſe de l’Ordre & de ſa Continuation. Ils n’étoient plus ſurpris de la Juſteſſe que nous appercevons dans le Cours des Aſtres & dans les Arrangemens de Saiſons, puiſque la Regle avoit été faite, & étoit encore conſervée, par des Etres intelligens & éternels.

Les Romains prirent des Grecs l’Opinion de l’Eternité du Monde. Lorſqu’ils commencérent à s’appliquer à la Philoſophie, ils embraſſérent peu-à-peu toutes les Sectes différentes, & chacune eut ſes Partiſans dans Rome, ainſi que dans Athenes. Les uns adoptérent les Sentimens de Démocrite, d’Empedocle, de Diogene, d’Heraclite, d’Anaximandre, d’Epicure, de Zénon ; & crurent, que le Monde avoit eu un Commencement : les autres embraſſérent le Parti d’Ariſtote, & des autres Philoſophes qui avoient ſuivi ſon Sentiment ; & penſérent, que l’Univers avoit toujours été dans le même État où ils le voïoient. On diſputa dans l’Italie auſſi vivement que dans la Grece : l’on y avança auſſi peu ; & l’on ne fut pas plus éclairci dans un Païs que dans l’autre.