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ble a un Jouëur de Gobelets. Elle ne nous montre que les derniers Effets de ſes Opérations. C’en eſt toujours aſſez pour notre Utilité, & pour les Connoiſſances qui nous font neceſſaires. Que nous importe-t-il de ſavoir comment les prémiers Principes agiſſent, pourvû que nous ſachions le Secret de les faire agir, & de leur faire produire d’une Maniere ſûre les Effets que nous cherchons, & dont nous pouvons tirer quelque Utilité[1] ? Que m’importe, que les Atomes agiſſent & aïent leur Mouvement dans le Vuide, ou que la Matiere ſubtile rempliſſe le Vuide, ou qu’il n’y en ait point dans la Nature ; ſi je fais de la Matiere ſubtile ce que je fais des Atomes, & des Atomes ce que je fais de la Matiere ſubtile ?

  1. A-quoi-bon, par éxemple, ces longues & ſubtiles Diſputes touchant la Diviſibilité de la Matiere ? Car, quand bien même on ne pourroit pas décider nettement ſi elle ſe peut, ou non, diviſer à l’infini, ne ſuffit-il pas de connoître, qu’elle ſe peut diviſer en des Parties aſſez petites pour ſervir à tous les Beſoins qu’on peut avoir. » Rohault, Traité de Phyſique, Préface.