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eſt l’Opinion qui lui paroit la plus vraiſemblables ; videtur : c’eſt le Terme modeſte dont il ſe ſert, au lieu des Mots affirmatifs qu’affectent les Philoſophes Scolaſtiques. Il connoiſſoit trop la Foibleſſe des Connoiſſances Humaines, & il étoit trop ſavant, pour prendre le Ton déciſif. Il conſidéroit, dit un de ſes Eleves, que nos Vûes ſont trop courtes, pour pénétrer juſqu’aux premiers Principes, & parvenir aux Cauſes prochaines & immédiates. Il croïoit, qu’il y auroit trop de Préſomption à décider ſi magiſtralement des Choſes, comme ont fait quelques-uns de nos Modernes[1]. Ces derniers Mots déſignent les Cartéſiens, qui, généralement, ont aſſez le Défaut de décider avec un peu trop d’Aſſûrance, mais dont la Certitude n’eſt pourtant qu’un Doute, eu égard aux Déciſions Papales des Scolaſtiques. Il ſe trouve même des Cartéſiens illuſtres, qui avouent de bonne-foi, qu’il y a pluſieurs Queſtions, ſur lesquelles on doit s’arrêter le moins qu’on peut, étant d’une Difficulté à ne pouvoir être éclaircies[2]. L’on ne trou-

  1. Bernier, Abrégé de la Philoſophie de Gaſſendi, Tom.I, Préface.
  2. « Est-il poſſible, qu’une Créature ait été créée