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non pas de penſer, puiſqu’elle ne ſauroit douter ſans penſer. On examine enſuite ce que c’eſt que penſer ; & voïant, que tout ce qui convient aux Notions que l’on a de la Penſée, ne convient point à celles que l’on a de la Subſtance étendue, qu’on appelle Corps ; & appercevant enſuite clairement, que la Penſée n’eſt point étendue, n’a ni Largeur ni Profondeur, on en conclut qu’elle n’eſt point un Mode ou un Attribut de la Subſtance étendue. De ce prémier Raiſonnement, on en infere un ſecond, par lequel l’on dit que la Penſée n’étant point un Mode de la Subſtance étendue ; il faut qu’elle le ſoit d’une autre Subſtance différente de la corporelle, avec qui n’aïant rien de commun, elle ne ſouffre point par conſéquent de la Diſtraction, ou du Changement, qui arrive dans cette même Subſtance étendue. De ces Raiſonnemens on juge enſuite que l’Ame, n’étant compoſée d’aucunes Parties, ne peut périr, &, par conſéquent, qu’elle eſt immortelle.

Voilà, Madame, un Exemple de la Façon de ranger ſes Idées dans l’Ordre d’une éxacte Méthode : & c’eſt ce qu’on peut dire de plus ſenſible, pour faire comprendre ce qu’on entend par