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au lieu d’éclairer l’Eſprit, on ne lui a fourni que des Occaſions capables de l’arrêter dans ſes Opérations. Heureux, ſi, revenus de cette Erreur, ceux, dont toute ſa Science ſe réduit au Talent d’embrouiller la Vérité, ſe rapprochoient des Regles Naturelles, & avouoient de bonne-foi, que ce qu’ils croïoient utile à la Raiſon, lui étoit plus nuiſible que profitable[1] !

    d’Ariſtote, & les Scolaſtiques avoient attaché la Raiſon & l’Entendement.

    Barbara, Celarent, Darii, Ferio ; Baralipton,
    Celantes, Dabitis, Fapesmo, Frifeſomorum :
    Ceſare, Cameſtres, Feſtino, Baroco ; Darapti,
    Felaptofl, Difamis, Darali, Bocardo, Feriſon.


    Ne faut-il pas être frénétique, pour inventer de pareilles Regles ? Et quel eſt l’Eſprit, que le ſeul Arrangement de tous ces Mots biſarres, n’occupe pendant un Tems très inutilement ? Que doivent donc faire des Préceptes, qui répondent à la Clarté de ces Principes, & qui ne ſont guerre d’un plus grand Secours à l’Entendement, que les Mots Baroco, Bocardo, Feriſon, ſont doux à l’Oreille ?

  1. Rien n’eſt moins propre à aider l’Eſprit … que le Syllogisme, qui, muni d’une ſeule Probabilité, ou d’un ſeul Argument topique, ſe donne carriere & pouſſe cet Argument dans ſes derniers Confins, juſqu’à ce qu’il ait entrainé l’Eſprit hors de la vue de la Choſe en Queſtion ; de ſorte que le forçant, pour ainſi dire, à la faveur de quelque Difficulté éloignée, il le