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On voit plus aiſément la Connéxion de nos Idées lorſqu’on n’uſe point du Syllogisme, qui ne ſert qu’à ralentir la Pénétration & la Déciſion de l’Entendement[1]. Suppoſons que le Mot Animal ſoit une Idée moïenne, ou, comme on parle dans les Ecôles, le Terme moïen, que l’Eſprit emploïe pour montrer la Connéxion qui ſe trouve entre Homme & Vivant : je demande, ſi l’Eſprit ne voit-pas cette Liai-

    pourroit engager à éxaminer de telle maniere les Fondemens du Syllogisme, qu’ils viſſent qu’entre plus de ſoixante Manieres, dont trois Proroſitions peuvent être rangées, il n’y en a qu’environ quatorze où l’on puiſſe être aſſuré que la Concluſion eſt juſte ; & ſur quel Fondement la Concluſion eſt certaine dans ce petit Nombre de Syllogismes, & non dans d’autres. Dieu a eu beaucoup plus de Bonté pour les Hommes. Il leur a donné un Eſprit capable de raiſonner, ſans qu’ils aïent beſoin d’apprendre les Formes des Syllogismes. Ce n’eſt point, dis-je, par les Regles du Syllogisme, que l’Eſprit Humain apprend à raiſonner. Il a une Faculté Naturelle d’appercevoir la Convenance ou la Diſconvenance de ſes Idées ; & il peut les mettre en bon Ordre, ſans toutes ces Répétitions embaraſſantes. » Locke, Eſſai ſur l’Entendement Humain, Livr. IV, Chap. XVII, pag. 868.

  1. « Il y a en tout ceci beaucoup de Vetilles, & qui ſont même, en quelque Auteur que ce ſoit, très obſcures & ennuïeuſes. » Bernier, Abrégé de la Philoſophie de Gaſſendi Tom. I, pag. 126.