Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/201

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

§. XIV.

la Vérité ou la Fausseté
des Prémisses du Syllogis-
me le rendent démons-
tratif, véritable,
ou faux.


Cette Regle eſt utile, en ce qu’elle nous apprend, que, pour raiſonner juſte, il faut être fondé ſur de bons Principes. On doit l’avoir toujours preſente à l’Imagination. Elle nous oblige à éxaminer mûrement les Maximes desquelles nous voulons tirer nos Déciſions.

Il faut nous réſoudre à ne pouvoir jamais rien conclure d’évident & de perſuaſif, ſi nos Prémiſſes ne ſont point elles-mêmes évidentes. Mais, lorſque les deux prémieres Idées ſur lesquelles nous avons porté notre Jugement nous ſont parfaitement connues ; la troiſieme, que nous formons par le Moïen de leur Aſſemblage, devient concluante & perſuaſive. Ainſi, voulant prouver la Senſibilité de l’Homme, ſi je poſe pour Prémiſſes, que tout Homme eſt Animal, & que tout Animal ſent ; j’en tire une troiſieme