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On appelle Enthimême le Syllogisme, donc l’une des deux prémieres Propoſitions, qu’on nomme Prémiſſes, ſe trouve ſupprimée, mais cependant fous-entendue : comme lorſque je dis,

Quand on a de l’Eſprit, on apprend aiſément ;

Madame de *** apprend donc aiſément ;
on comprend naturellement, que l’Entendement ſuppoſe en lui-même cette Proportion ſupprimée,

Madame de *** a de l’Eſprit
qui, tranſpoſée entre les deux autres, formeroit le Syllogisme parfait. Au reſte, la prémiere Propoſition de l’Enthimême s’appelle en Termes Scolaſtiques Antécédent, & la Concluſion Conſéquent.

Il eſt encore pluſieurs autres Argumens, tels que le Syllogisme hypotétique, le disjontif, celui qu’on fait par Gradation, & par Induction. Mais, en vérité, cela me paroit ſi peu utile, & les plus grands Hommes l’ont ſi fort mépriſé[1], quoique quelques-uns s’y ſoient

  1. « À quoi ſert donc le Syllogiſme ? Je répons, qu’il eſt principalement d’Uſage dans les Ecoles, où l’on n’a pas Honte de nier la Convénance des Idées qui conviennent viſiblement enſemble ; ou bien hors des Ecoles, à l’égard de