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§. X.

des Jugemens par lesquels
de deux Idées simples
nous en faisons une
composée.


Je vous ai déjà dit, Madame, qu’on entendoit, par ce mot Juger, (ſur quoi roule la ſeconde Partie de la Logique,) la Faculté d’affirmer véritablement d’une Choſe ce qu’elle eſt, ou ce qu’elle n’eſt pas, en lui donnant ce qui lui convient, & lui ôtant ce qui ne lui convient pas. Cette Sorte de Penſée eſt appellée Jugement ou Propoſition, parce-que c’eſt par elle, que nous décidons qu’une Choſe eſt, ou n’eſt pas : en ſorte que, ſi, par la Conception, nous l’imaginons nûmeut & ſimplement ; par le Jugement nous affirmons ce qui lui eſt propre, ou ce qui ne lui convient point, & notre Entendement, conſidérant les diverſes Idées ſimples qu’il a reçues, en fait une compoſée : & cette Idée, quoique produite indirectement par la Senſation, eſt pourtant formé par la Réflexion, qui ſont les deux ſeules Sources de tou-