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concevoir, que la Penſée puiſſe produire le Mouvement dans un Corps, & que le Corps puiſſe à ſon tour produire la Penſée dans l’Eſprit. Nous ne pouvons pénétrer comment l’Eſprit agit ſur la Matiere & la Matiere ſur l’Eſprit : la Foibleſſe de notre Entendement ne ſauroit trouver la Connéxion de ſes Idées ; & le ſeul Secours, que nous aïons, eſt de recourrir à un Agent tout-puiſſant & tout ſage, qui opere par des Moïens que notre Foibleſſe ne peut pénétrer.

Enfin, notre Pareſſe, notre Négligence, & notre peu d’Attention à réfléchir, ſont auſſi des Cauſes de notre Ignorance. Nous avons ſouvent des Idées complettes, desquelles nous pouvons aiſemént découvrir la Connéxion. Mais, faute de ſuivre ces Idées, & de découvrir & de trouver les Notions moïennes qui peuvent nous apprendre quelle Eſpece de Convenance ou de Diſconvenance elles ont entre elles, nous reſtons dans notre Ignorance.

Voila, Madame, les principales Réfléxions que je croïois devoir vous faire faire ſur la Maniere d’acquérir nos Idées, & de les conſidérer ſimplement entant que prémieres Notions. Vous me direz