Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas dans l’Eau-forte. Si nos Sens pouvoient être aſſés aigus pour appercevoir les Parties actives de la Matiere, nous verrions travailler les Parties de l’Eau-forte ſur celle de l’Argent : & cette Mécanique nous ſeroit auſſi facile à découvrir, qu’il l’eſt à l’Horloger de ſavoir comment, & par quel Reſſort, ſe fait le Mouvement d’une Pendule. Mais, le Défaut de nos Sens ne nous laiſſe que des Conjectures fondées ſur des Idées, qui peut-être ſont fauſſes : & nous ne pouvons être aſſurez d’aucune Choſe ſur leur Sujet, que de ce que nous pouvons en apprendre par un petit Nombre d’Expériences, qui ne réüſſiſſent pas toujours, & dont chacun explique les Opérations ſecretes à ſa Fantaiſie.

La Difficulté, que nous avons de trouver la Connéxion de nos Idées, eſt la ſeconde Cauſe de notre Ignorance. Il nous eſt impoſſible de déduire en aucune maniere les Idées des Qualitez ſenſibles que nous avons de l’Eſprit, d’aucune Cauſe corporelle ; ni de trouver aucune Correſpondance ou Liaiſon entre ces Idées & les prémieres Qualitez qui les produiſent en nous. L’Expérience nous démontre cette Vérité. Il nous eſt encore impoſſible de