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à notre Connoiſſance à cauſe de leur Eloignement, il y en a une Infinité qui nous ſont inconnus à cauſe de leur Petiteſſe. Or, comme ces Atômes, ou Parties ſubtiles, qui nous font inſenſibles, ſont Parties actives de la Matiere, & les prémiers Matériaux dont elle ſe ſert, & desquels dépendent les ſecondes Qualitez, & la plûpart des Opérations naturelles ; nous ſommes obligés, par le Défaut de leur Notion, de reſter dans une Ignorance invincible de ce que nous voudrions connoître à leur Sujet : nous étant impoſſible de former aucun Jugement certain, n’aïant, de ces prémiers Corpuſcules aucune Idée préciſe & diſtincte.

S’il nous étoit poſſible de connoître par nos Sens ces Parties déliées & ſubtiles, qui ſont les Parties actives de la Matiere, nous diſtinguerions leurs Opérations mécaniques avec autant de facilité, qu’en a un Horloger pour connoître la Raiſon par laquelle une Montre va, ou s’arrête. Nous ne ſerions point embaraſfés à expliquer pourquoi l’Argent ſe diſſout dans l’Eau-forte, & non point dans l’Eau-régale ; au contraire de l’Or, qui ſe diſſout dans l’Eau-régale, & non