Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/181

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

§. VII.

de la Nécéssité de définir
les Noms dont on se sert,
d’eviter les Mots ambi-
gus, et les Façons-de-
parler embarassées.


Si le Nom, qui a été donné à une Choſe, eſt ambigu, & qu’il en ſignifie pluſieurs, il arrive ſouvent qu’en l’entendant prononcer, nous formons une Idée différente de celle qu’en a celui qui le prononce : & cette Diverſité de Sentimens empêche qu’on ne pénétre aiſément le Fait ou la Queſtion dont il s’agit. Cette Ambiguïté dans les Mots occaſionne encore un grand Nombre de Diſputes inutiles[1]. Ainſi, nous devons leur donner, ou leur fixer, une Signi-

  1. « Pour ne dire point, que la plûpart des, Sophismes, qui trompent les Hommes, dépendent de là ; puisqu’il y a toujours quelque Mot pris en pluſieurs Sens. Il eſt aiſé de remarquer, que la plupart des Diſputes de l’Ecole ne viennent que de ce que celui-ci, d’un même Mot, ou d’une même Phraſe, ſe forme une certaine Idée, & celui-là un autre. » Bernier, Abrégé de la Philoſophie de Gaſſendi, Tom. I, pag. 39.