Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tré dès le commencement de ces Refléxions, la Nécessité de vous défier même de l’Autorité des Savans, je crois qu’il est peu nécessaire que j’entreprenne de vous prouver combien il est dangereux d’ajouter Foi aisément au Récit de ceux, qui, loin de pouvoir éclairer les autres, sont eux-mêmes dans l’Ignorance. Souffrez, pourtant, que je vous exhorte à vous défier principalement des Jansénistes & des Molinistes. Je ne connois que les Vendeurs d’Orviétan, qui soient plus capables qu’eux de remplir l’Entendement de Chimeres & d’Impostures. Tout Homme, nourri dans l’Esprit de Cabale, est pour jamais privé de la Vérité. Ses Idées ne font que le Ramas des Chimeres & des Visions de son Parti. Le Fanatisme des Convul-

    que Etrangeté, on en voit plusieurs, qui, sentant, par les Oppositions qu’on leur fait lorsqu’ils sement leur Histoire, où loge la Difficulté de la Persuasion, vont calfeutrant cet Endroit de quelque Piéce fausse, ce Bastiment s’estoffant & se formant de Main en Main ; de maniere que le plus éloigné Témoin en est mieux instruit que le plus voisin, & le dernier informé mieux persuadé que le prémier : l’Erreur particulière aïant prémiérement fait l’Erreur publique ; &, à son tour après, l’Erreur publique faisant l’Erreur particuliere. » Montagne, Essais, Tom. I, Livr.III.