Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/172

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

§. V.


les Idées, que nous acque-
rons par notre propre
Expérience, ſont plus
parfaites, que cel-
les que nous ac-
querons par
le Secours.


Nos Idées s’acquiérent par notre propre Expérience, ou par les Leçons que nous recevons. Lorſque les Choſes nous ſont préſentes, alors nous faiſons uſage de nos Sens pour éprouver & expérimenter quelles elles ſont ; comme par la Vûe nous diſtinguons les Couleurs, & par l’Ouïe les différens Sons. Mais, ſi les Choſes font abſentes & éloignées, nous apprenons par autrui quelles elles ſont, ſoit par les Diſcours qu’on nous fait, ſoit par la Lecture des Livres. Cependant, les Idées, que nous acquérons par nos propres Sens, font beaucoup plus parfaites que celles que nous nous formons ſur le Récit d’autrui. Car, l’Idée, que nous recevons par une Choſe qui tombe fous nos Sens, eſt l’Idée de la