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liere, pour vouloir la fatiguer par une longue Enumération de Mots inutiles, & plus capables d’embrouiller le Jugement, que de le former#1.

On regarde ces Catégories dans les Ecoles, avec autant de Reſpect, que les Juifs en avoient pour les Tables de la Loi que Moïſe leur apporta : & l’on peut dire, que ce Légiſlateur Hébreu n’eut pas le Quart autant d’Autorité ſur le Peuple Iſraélite, que le Philoſophe Grec en a encore ſur le Peuple Scolaſtique. Ces Catégories ſi vantées font dix Claſſes auxquelles Ariſtote a voulu réduire tous les Objets de nos Penſées. Mais, la prémiere Façon, dont je vous les ai fait conſidérer, ſuffira pour éclaircir toutes les Difficultez qui pourront naître dans la ſuite de ces Réfléxions.[1]

  1. « La ſeconde Raiſon, qui rend l’Etude des Catégories dangereuſe, eſt qu’elle accoutume les Hommes à ſe païer de Mots, à s’imaginer qu’ils ſavent toutes Choſes, lorſqu’ils ne connoiſſent que des Noms arbitraires, qui n’en forment dans l’Eſprit aucune Idée claire & diſtincte. » Art de penſer, page 23.