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ma Croïance ? Si, par ce Mot de Croïance, vous entendez une Certitude, & une Perſuaſion convaincantes, je vous avouerai, que je n’en ai aucune. Et, franchement, après avoir éxaminé la Choſe, je ſuis d’aſſez Bonne-Foi, pour avouër, que je vois une Apparence de Vérité dans les deux Sentimens. Si vous me preſſez davantage, & que vous vouliés que je me détermine abſolument, je vous avouerai encore, que je croirois aſfez volontiers, que nous n’avons d’Idées dans l’Entendement, qu’autant qu’elles nous ont été communiquées par nos Sens ; & que toutes nos Notions, ou Idées, prennent leur Source, ou de la Senſation, ou de la Réflexion ſur celles qui nous ſont venues par la Senſation. Voici quelles ſont mes Raiſons : je ne ſai ſi vous les trouverez vrai-ſemblables.

Lorsqu’un Cartéſien demande par quel Sens les Idées de l’Etre, & de la Penſée, ſont entrées dans notre Entendement, on peut lui répondre, qu’elles y ſont entrées dès l’inſtant que nous avons eu la prémiere Senſation. Car, l’on connoit que l’on exiſte, dès qu’on eſt ſuſceptible de quelque Sentiment : & je crois qu’on peut auſſi-bien prouver l’Exiſten-