Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fléxion, pour introduire toutes les Idées dans l’Entendement Humain. Vous croiïés appercevoir l’Eſprit & l’Ame ſe former dans un jeune Enfant, à meſure que les Organes ſe fortifient, & reçoivent plus d’Objets extérieurs. Ce Syſteme a quelque-choſe d’amuſant. Il ſemble, que l’Homme ſoit une Plante, & qu’on voïe croître en même tems l’Ame & le Corps. Les Notions, que l’Entendement acquiert tous les jours par le Canal des Sens, ſont à l’Eſprit comme une double Roſée, qui le conduit enfin à la Maturité, en lui procurant cette immenſe Variété d’Idées. Cependant, ſi le Carteſien a raiſon, il faut ne plus accorder aux Objets extérieurs, que le Pouvoir d’occaſionner, par les Mouvemens qui ſe font dans notre Cerveau, quelques Idées qui ne ſe formeroient pas ſans cela : mais, preſque toutes nos Notions ne pourront être rapportées à nos Sens, & l’Ame aura le Pouvoir de les former elle même par la pure Intellection ſans en être redevable qu’à Dieu & à elle-même.

Vous me demanderez, Madame, mon Sentiment ſur ces différentes Opinions, & à laquelle eſt-ce que j’accorde