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ces communes aux Eſprits les plus bornez, & qu’elle apprenoit à diſcourir ridiculement de ce qu’on ignoroit[1]. Il conſeilloit pourtant de faire quelque Etude de certains Principes raiſonnables d’une bonne Logique : mais, Gaſſendi mépriſoit abſolument cette Etude. Il croïoit, que ſi l’Œuil voit, l’Oreille entend, & les autres Facultez font leurs Fonctions, ſans avoir beſoin d’aucuns Préceptes, l’Entendement pouvoit bien raiſonner, chercher la Vérité, la trouver, & juger, ſans l’Aide de la Logique … Il ne la mettoit pas au Nombre des véritables Parties de la Philoſophie : il n’eſtimoit pas même, qu’on dut faire commencer par-là les Etudians, de crainte de les rebuter par un Travail inutile[2].

Voila, Madame, des Autoritez bien reſpectables contre la Logique. Ce-

  1. « La Logique de l’Ecole … n’eſt à proprement parler, qu’une Dialectique, qui enſeigne les Moïens de faire entendre à autrui les Choſes qu’on ſçait ; où même auſſi de dire ſans jugement pluſieurs Paroles touchant celles qu’on ne ſçait pas. Ainſi, elle corrompt le Bon-Sens plûtôt qu’elle ne l’augmente. » Des-Cartes, Principes de la Philoſophie, Préface.
  2. Bernier, Abrégé de la Philoſophie de Gaſſendi, Tom. I, Préface.