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glement, Gaſſendi parut tout-à-coup, comme un Aſtre brillant au milieu d’une Nuit obſcure. Aidé de la Lecture de quelques Philoſophes anciens, & ſoutenu par ſon vaſte Génie, il donna le premier Coup à l’Erreur. Il mit au jour un Ouvrage contre la Philoſophie d’Ariſtote, qui fut reçu avidemment de tous les Savans de l’Europe, qui, depuis longtems, gémiſſoient de l’Etat où ils voïoient la Philoſophie[1]. Gaſſendi fut ſuivi de Des-Cartes, qui acheva de ruiner les Chimères Scolaſtiques. L’Eſprit Humain reprit entièrement ſes Droits ; la Raiſon, le Bon-Sens, & la Lumiere Naturelle, furent les ſeules Regles qu’on affecta d’emploïer ; & la Logique devint une des Parties de la Philoſophie Scolaſtique qu’on mépriſa le plus. Des-Cartes démontra évidemment dans pluſieurs Endroits de ſes Ouvrages, qu’Elle ne donnoit que des Connoiſſan-

  1. « Il ſe dégoûta enfin tellement de la Philoſophie Vulgaire, à cauſe de la Chicane & des Queſtions inutiles qu’elle enſeigne, & dont elle eſt remplie, qu’il fit ſoutenir des Theſes pour & contre, & fit imprimer ſes ſavantes Diſſertations adverſus Ariſtoteleos, qui firent tant de Bruit. » Bernier, Abrégé de la Philoſophie de Gaſſendi, Tom. I, Préface.