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Les Philoſophes n’ont point été les ſeuls perſuadez de leur peu de Science : les grands Saints, & les Courtiſans aimables, quelque Différence qu’il y ait dans leurs Sentimens & dans leurs Opinions, ſe ſont pourtant réünis en ce Point. Saint Auguſtin, & St. Thomas, ont crû, qu’il étoit un grand Nombre de Choſes douteuſes, & dont nous n’avions aucune Connoiſſance certaine. Horace, nourri dans les Plaiſirs de la Cour d’Auguſte, avoue naturellement, qu’il eſt toujours flottant & vacillant, ſans pouvoir s’arrêter à aucune Opinion fixe ; & que, dans ce Doute éternel, il ſonge à ſe mettre au-deſſus de toutes les Queſtions, au lieu de s’y ſoumettre[1].

    judicetis ; ut ſi probabilia dicuntur nihil ultra requiratis.
    Cicero, Tuſculan. Quæst. Libr. I.


    Omnes penè Veteres nihil cognoſci, nihil percipi, nihil‚ ſciri poſſe, dixerunt ; anguſtos Senſus, imbecilles Animos, brevia Curricula Vitæ, &c. Cicero, Quæſt. Academ. Libr. I.

  1. Ac ne fortè roges, quo me Duce, quo lare , tuter ? Nullius addictus jurare in Verba Magiſtri, Quo me cumque rapit Tempeſtas, deferor Hoſpes. Nunc agilis fio, & merſor civilibus Undis : Virtutis veræ Cuſtos, rigidusque Satelles. Nunc in Ariſtipi furtim Precepta relabor : Et mihi Res, non me Rébus, ſubjungere conor.
    Horat. Epiſt. I Libri. I.