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les découvre. Ajoutez, Madame, à ces Paroles de Phérécide ce que Socrate diſoit de ſes Connoiſſances. Elles étoient très bornées, ſelon lui : car, il aſſuroit ne ſavoir qu’une Choſe, c’eſt qu’il ne ſavoit rien, Unum ſcio, quod nihil ſcio.. Cicéron étoit preſque auſſi vacillant que Phérécide. Je parlerai, diſoit ce Romain, de maniere que je n’aſſûre rien poſitivement ; mais, me défiant de moi-même, je douterai de tout, & chercherai d’appercevoir la Vérité. Dans un autre Endroit, il prévient, qu’il expliquera les Choſes d’une maniere probable, & non point certaine, comme pourroit faire un Oracle. Il ajoute, que n’étant qu’un Homme, on ne peut juſtement éxiger rien de plus. Selon lui, les Anciens ont tous avoué n’avoir rien pû connoître, ni comprendre : ils ont, dit-il, rejetté leur Ignorance ſur le peu d’Etendue de nos Lumieres & la Briéveté de notre Vie[1].

  1. Dicendum eſt ità ut nihil affirmem, quærem omnia dubitans, plerumque & mihi diffidente.

    Ut potero explicabo, me tamen, ut Pythius Apollo, certa ut ſint, & fixa quæ dixero ; ſed ut Homunculus probabilïa, conjecturâ ſequens… Equum efſ enim meminiſſe, & me qui diſſeram Hominem eſſe, & qui judi.