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pute polie. Quant à Mrs. du Perron & du Moulin, Nicole & Jurieu, les trois Quarts de leurs Ouvrages de Controverſe ont moins été faits pour éclaircir la Vérité, que pour bleſſer leurs Adverſaires par des Traits mordants, ou des Plaiſanteries piquantes. Ce dernier a écrit comme un Porte-fais quelquefois, & quelquefois comme un Fanatique & un Trembleur. Les Invectives groſſieres, dont ſes Livres ſont remplis, l’ont fait mépriſer des deux Partis. Sur les Matieres de Controverſe, il ſemble qu’on ne puiſſe écrire poliment, &, j’oſe dire, d’une Maniere convenable à un Galant-Homme. Bien des Saints Peres, malgré les Vertus dont on les prétend douëz, ont tombé dans ce Défaut. Ils ont laiſſé dans leurs Ouvrages des Marques viſibles, que, pour être pieux & dévots, ils n’en étoient pas moins Hommes, ſujets aux Paſſions, & à ſe laiſſer emporter trop aiſément au Plaiſir de mordre & de déchirer ceux contre qui ils écrivoient.

La Licence des Ecrits calomnieux, occaſionnée par la Différence de Religion, n’a pas reſpecté les Têtes les plus Sacrées. Que de Libelles la Ligue n’a-t-elle point vomis contre Henri III &