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Condamnation de Mr. Arnaud, faite contre toutes les Formes, eſt la plus grande Plaie qu’ait jamais reçue notre Faculté. C’eſt une furieuſe Eclipſe, que ce bel Aſtre a ſoufferte : ça été un tel Brigandage, que la plûpart de nos Docteurs, qui regardent maintenant les Choſes de Sang-froid, confeſſent franchement, qu’on le peut nommer horendum Sacræ Facultatis Pariſienſis Latrocinium[1]. Ce n’eſt pourtant pas-là, n’en deplaiſe à cet Ecrivain, la plus grande Eclipſe qu’ait ſoufferte la Sorbonne : & ſa Gloire a été cent fois plus ternie par le Décret qu’elle eut l’Inſolence de donner contre Henri III, l’An 1589. Mais, cet Aſtre brillant eſt ſujet à s’éclipſer ſouvent, & ſon illuſtre Corps ſe reſſent beaucoup des Paſſions qui animent les différentes Parties dont il eſt compoſé. Auſſi a-t-il le Chagrin de voir quelque-fois ſes Déciſions deſaprouvées, ché, pluſieurs Nations, par un grand Nombre de Docteurs. La Condamnation, que fit la Sorbonne au Commencement de ce Siècle, de quelques Propoſitions du Pere le Comte, Jéſuite,

  1. Relation des Aſſemblées de Sorbonne ſur les Opinions des Jéſuites touchant la Religion des Chinois, Lettre V, pag. 22 d’Edit. de Cologne, 1701.