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tique. Il n’aime pas celui qui les a écrits : c’en eſt aſſez, pour les condamner.

Ce ne ſont pas les ſeuls Auteurs médiocres, qui ſont ſujets à de pareilles Foibleſſes : les plus grands Hommes ont tombé dans ces Egaremens. On ne peut diſputer à Mr. de Meaux[1] la Qualité d’illuſtre Ecrivain : & perſonne n’a été plus ſujet que lui à l’Envie, à la Haine, & à la Jalouſie. Ces Paſſions lui ont fait critiquer des Ouvrages, qui méritoient l’Eſtime de tous les Connoiſſeurs, & dont il reconnoiſſoit lui-même la Bonté. Les Démélez, qu’il eut avec Mr. de Cambrai, lui firent écrire un Livre contre les Avantures de Telemaque : il attaqua pluſieurs fois des Ouvrages, dont il eut été le prémier à louër la Juſteſſe ; & la Beauté, la Préciſion & l’Arrangement, s’il eut eu la Charge que Mr. de Fénelon obtint à ſon Préjudice. Le même Mr. de Meaux, que la Bruyere regarde comme un Pere de l’Egliſe[2], dénonça à la Faculté de Théologie de Paris la Bibliothèque des Auteurs Eccléſiaſtiques de du Pin ; parce qu’il étoit faché

  1. Bossuet.
  2. Parlons d’avance le Langage de la Poſtérité : un Pere de l’Egliſe… La Bruyere Diſcours pour ſa Reception à l’Académie.