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comment ceux, qui les ont écrites, n’étoient pas couverts de Confuſion. Je plains, ajoute ce Pere de l’Egliſe, ceux qui ont été obligés d’écouter de pareilles Infamies[1].

Les Philoſophes donnent ſouvent dans des Erreurs monſtrueuſes, pour vouloir trop ſubtiliſer. À force de chercher à découvrir des Secrets qui leur ſont impénétrables, ils donnent dans des Sentimens extravagans, & deviennent la Dupe de leur Imagination échaufée. Les Théologiens, qui ne ſe nourriſſent que de Fumée, tombent très ſouvent dans ce Cas. Comme les Matieres qu’ils éxaminent ſont au-deſſus de la Portée de l’Eſprit Humain, & que la ſeule Foi doit les faire recevoir & les autoriſer ; d’abord qu’ils veulent les réduire à un Examen Philoſophique, l’Impoſſibilité, qu’ils trouvent d’accorder certains Principes de Religion avec la Raiſon & la Lumiere Naturelle, leur fait inventer mille Syſtemes ridicules d’où naiſſent

  1. Sed jam pudet me iſta ſentire. Cùm verò auſi etiam ea defendere, non jam eorum, ſed ipſius Generis Humani, me pudet, cujus hæc ferre potuerunt. August. Epiſt. LVI.