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évidentes, étoient environnées de Difficultez, qui les rendoient très douteuſes, & quelques-fois contraires à la Raiſon & aux Notions les plus ſimples[1].


§. XVII.


des ridicules Opinions sou-
tenues par bien des
Savans.


Il eſt étonnant dans quels Travers donnent pluſieurs Savans. Si l’on

  1. « Bayle vouloit mortifier la Raiſon Humaine ; du moins, l’accoutumer à ne point précipiter ſes Jugemens, & à ne rien adopter ſans Examen & ſans connoiſſance. Les Théologiens lui paroiſſoient trop déciſifs, & il auroit ſouhaité, qu’on ne parlât que douteuſement des Choſes douteuſes. Dans cet Eſprit, il ſe faiſoit un Plaiſir malicieux d’ébranler leur Aſſurance, & de leur montrer, que certaines Véritez, qu’ils regardent comme évidentes, ſont environnées & obſcuries par tant de Difficultés, qu’il ſeroit quelquefois plus prudent de ſuſpendre ſon Jugement. Il avoit auſſi diſcuté tant de Faits, qui ne ſont point revoqués en Doute par le Commun des Savans, & qu’il avoit reconnu évidemment faux, qu’il ſe deſioit de tout, & n’ajoutoit Foi aux Hiſtoriens, que par Proviſion, & en attendant une plus ample Inſtruction. » Beauval, Hiſtoire des Ouvrages des Savans, Décembre 1706, pag. 551,552.