Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne pouvoit ſe défendre[1]. Il blama & critiqua les deux Janſéniſtes ; & la Ville & la Cour revinrent à la premiere Opinion. On retourna à Montagne, & on lui rendit l’Approbation qu’on lui avoit ôtée.

Bayle a été, ſans contredit, un des plus grands, des plus beaux, & des plus vaſtes Génies. Il s’eſt trouvé des Gens, qui s’étoient acquis un grand Nom dans la Littérature & dans les Sciences, qui ont voulu faire paſſer cet Auteur pour un Homme qui ne ſavoit qu’un peu d’Hiſtoire, & quelque peu de Cartéſianisme[2]. Parlez à un Jéſuite de Pafcal, il vous dira que c’étoit un Génie médiocre. Vantez Bourdaloue, un Janſéniſte ne ſera pas de votre Avis. Je comprens que la Haine des différens Par-

  1. « Deux Ecrivains, dans leurs Ouvrages, ont blamé Montagne, que je ne crois pas, auſſi bien qu’eux, exempt de toute ſorte de Blâme. Il paroît, que tous deux ne l’ont eſtimé en nulle Maniere. L’un ne penſoit pas aſſez, pour goûter un Auteur qui penſe beaucoup. L’autre penſoit trop ſubtilement, pour s’accommoder de Penfées qui ſont ſi délicates. » Labruyere Caractères ou Mœurs de ce Siècle, pag. 186.
  2. Jurieu & Le clerc. Voïez Courte Reveue de Maximes de Morale, & de Principes de Religion, &c.