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nous croïons éxemts d’examiner nos Sentimens & nos Opinions fondées ſur la Tradition ou ſur certains Principes de Religion, les Turcs & les Juifs doivent jouïr du même Privilege. On ne peut douter, qu’il n’y air, dans toutes les Religions, des Gens de Bonne-Foi, & qui croïent uniquement celle qu’ils profeſſent, parce qu’ils ſont perſuadez que les autres ne valent rien. Or, ſi la Voïe de l’Examen eſt défendue pour éxaminer certaines Opinions, un Turc n’eſt pas plus obligé de s’éclaircir que nous : & la Deffenſe de l’Examen des Sentimens, qu’on nous a inſpirée dès l’Enfance, plonge toutes les Nations, & nous mêmes, dans la Croïance de tous les faux Préjugés. On rend, par ce Moïen, la Religion Protectrice de tous les Contes de Nourices, & de toutes les Inventions Monacales. La Vérité ne doit point craindre le grand Jour. Si un ſentiment autoriſé par la Tradition eſt véritable, il devient plus reſpectable, lorſqu’il eſt reconnu & approuvé par des Gens qui ne donnent point leur Approbation au Menſonge. Je ne ſaurois mieux finir ces Réfléxions, que par un Paſſage d’un des plus illuſtres Ecrivains, qui prouve évi-