Page:D’Argens - La philosophie du bon sens.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avanturées de quelque Poëte, ou de quelque Orateur. Les Dieux d’Homeres étoient Cauſe de toutes les Hiſtoires fabuleuſes qu’on inventoit tous les jours à leur Sujet dans le Paganisme. Dès que le Peuple a reçu la prémiere Impreſſion de la Superſtition, il ajoute perpétuellement de nouvelles Chimeres aux prémieres ; & tous ces Contes paſſent à la Poſtérité & acquièrent par la Longueur des Tems une grande Autorité ſur l’Eſprit des Ignorans & des Foibles. Il ſe trouve même dans la ſuite des Auteurs, qui autoriſent par leurs Ouvrages ces fauſſes Traditions, & les placent dans leurs Ecrits comme des Faits conſtatez & reconnus vrais par une longue Suite de Siécles. Malgré les Plaintes que Didon fait dans Auſone ſur la Paſſion chimérique que les Poëtes lui attribuent en faveur d’Enée[1], il s’eſt trouvé, de nos Jours, des Auteurs, qui ont voulu démontrer clairement, que l’Opinion de Virgile étoit fondée ſur une Vérité reconnue, & non pas ſur une Fable inventée à plaiſir. Bien des Hiſtoriens autoriſent ainſi

  1. Vos magiſ Hiſtoricis, Lectores, crédite de me, Quam qui Furia Deum Concubitusque canunt Falſidici Vates, &c. Ausionus de Didone.