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§. XII.

Les Traditions pour la
plûpart ne ſont fondées
que sur nos Préjugés
et notre Paresse.


ſi nous éxaminons comment la plus grande Partie de Choſes, qui ſont parvenues juſqu’a nous par la Tradition, y ſont arrivées, & comment celles qui ſont actuellement en vogue prennent une Tournure pour paſſer à la Poſtérité, nous découvrirons aiſément que les Préjugés de l’Enfance, & la Pareſſe naturelle à bien des Hommes, ſont les deux principales Sources des Sentiment populaires, des Fables pieuſes, & des Hiſtoires giganteſques, qu’on nous débite, & dont on veut nous conſtater la Vérité par la Tradition. Il n’eſt perſonne, qui, étant jeune, n’ait éprouvé par lui-même combien il a entendu faire de Contes dans le Sein de ſa Famille, dont il a reconnu la Fauſſeté, ou le peu de Solidité, dans la ſuite.

Toutes les Meres, toutes les Aïeules, ont mille Rapſodies pieuſes, mille