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des documents suffit pour résoudre l’objection, c’est pousser par trop loin la naïveté du raisonnement. Ainsi, ni la nature actuelle, ni la nature passée n’offre à M. Darwin, et de son propre aveu, la démonstration d’une hypothèse dans laquelle il persiste néanmoins avec la plus parfaite conviction.

À propos de géologie, il revient encore aux Pigeons, aux Chevaux, aux Tapirs, etc., et conclut que le nombre des chaînons intermédiaires et transitoires entre les espèces vivantes et éteintes doit avoir été immense. « Mais ma théorie, dit-il (p. 394), n’est vraie qu’à la condition que ce nombre incalculable de variétés aient successivement vécu à la surface de la terre. » Or, c’est ce qui devait être démontré, et c’est précisément ce qui ne l’est pas du tout.

Arguer de la longueur des périodes géologiques, de l’épaisseur des couches, etc., c’est éluder la réponse, ce n’est rien prouver quant à la question. Ce n’est pas le temps que nous marchandons à M. Darwin ; le temps n’est pas nécessairement une condition du fait dont il s’agit ; il n’en serait qu’une explication si le fait était prouvé, et l’auteur confond ici deux ordres d’idées complètement distincts. La pauvreté des collections paléontologiques est encore un argument négatif sans plus de valeur que les précédents. Sans doute la paléontologie ne nous représentera jamais qu’une faible portion des êtres qui ont existé, mais cette insuffisance même fait que la théorie reste toujours à l’état d’hypothèse sans fondement. Puisque le seul argument sur lequel on puisse édifier quelque chose doit être pris dans le passé, et que son histoire est trop incomplète, l’hypothèse n’a donc pas de raison d’être. L’intermittence des formations géologiques et la dénudation des roches granitiques sont ici des hors-d’œuvre qui ont donné à l’auteur occasion de rappeler ses très-intéressantes recherches dans l’Amérique du Sud. Les développements étendus dans lesquels il entre ensuite aboutissent ou à des négations ou à des incertitudes, et nous ne le suivrons pas dans un champ d’où il ne tire aucune preuve solide. Nous ferons remarquer cependant que, dans l’état actuel de la science, il y a des ensembles de couches