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commencé à varier varie assez rapidement et presque à chaque génération, de sorte que chacune des formes transitoires peut n’être représentée que par quelques individus ou même par un seul, et qu’il suffit de la suite même des générations pour les exterminer sans avoir recours à la concurrence vitale et à l’élection naturelle, » c’est ajouter deux hypothèses qui ne sont pas plus démontrées par les faits que celle de l’auteur lui-même.

Ce dernier invoque aussi les changements survenus dans la disposition de la surface du sol, moyen qu’il faudrait également appuyer sur des faits, toujours absents, mais dont il ne se dissimule pas d’ailleurs le peu d’importance, puisqu’il dit : « Mais je ne m’arrêterai pas plus longtemps à ce moyen de trancher la difficulté, car je crois que la formation d’espèces très-distinctes est possible dans de vastes régions parfaitement continues, » conviction qui dispense de tout raisonnement comme de toute démonstration.

Nous ne voyons non plus aucune preuve directe de cette sorte d’aphorisme sur lequel il revient souvent : qu’une espèce, une variété ou encore une forme intermédiaire peu nombreuse en individus doit disparaître en peu de temps sous l’influence, la domination et l’extermination par les espèces plus répandues et plus fortes, lesquelles finiront par dominer. Ce raisonnement, tout spécieux qu’il paraisse, et quelque séduisant qu’il soit pour quelqu’un qui croit avoir surpris un des grands secrets de la, nature, tombe devant les faits, car nous connaissons de nombreux exemples du contraire. Des espèces et des genres ont eu une très-longue durée dans le temps, et une très-grande extension géographique, sans que les individus aient jamais été très-nombreux, et, inversement, des types extrêmement multipliés, à un moment donné et sur des surfaces très-étendues, n’ont eu qu’une très-courte existence. Ces résultats, familiers à tous les paléontologistes stratigraphes, détruisent donc cette argumentation, qui ne repose que sur une simple abstraction et sur la même idée, encore reproduite ici (p. 251) : « Les formes les plus communes doivent donc toujours tendre à l’emporter