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en cette matière, qu’il a fait partie de deux Pigeon-clubs de Londres. En résumé, on n’a aucune preuve expérimentale ni historique pour ou contre, et il suffirait de la fécondité continue de nos diverses races de Pigeons domestiques pour dire qu’elles proviennent toutes d’une seule et même espèce.

Ce que dit M. Darwin (p. 52) des procédés employés par l’homme et des résultats cherchés dans les races domestiques est parfaitement vrai ; ici, les faits parlent et sont incontestables. Mais nous ne pouvons nous empêcher de faire remarquer, sa naïve admiration pour le talent de l’éleveur de Pigeon. « Peu. de personnes, ajoute-t-il, croiront aisément combien il faut de capacité naturelle et d’expérience pour devenir un habile amateur de Pigeon ; » et plus haut : « À peine un homme sur mille possède-t-il la sûreté de coup d’œil et de jugement nécessaire pour devenir un habile éleveur ! » D’où il résulte que, si ce talent était moins rare, les races de Pigeons seraient sans doute beaucoup plus nombreuses.

Le choix ou l’élection méthodique et l’élection inconsciente[1] sont ensuite examinés par M.Darwin, ainsi que l’origine inconnue de nos productions domestiques (p. 61), et il passe aux circonstances favorables au pouvoir électif de l’homme en disant (p. 66) que « la condition la plus importante, c’est que l’animal ou la plante lui soit d’une assez grande utilité, ou d’une assez grande valeur d’agrément, pour qu’il accorde l’attention la plus sérieuse même aux légères déviations de structure de chaque individu. Sans ces conditions, rien ne peut se faire. » Ainsi, il faut une cause en dehors de la nature

  1. L’auteur se sert ici du mot sélection, que nous traduisons avec mademoiselle Royer par élection, qui est plus français, sélection étant un néologisme introduit par Mercier, que l’Académie n’a pas adopté et dont le verbe correspondant seligere n’ayant jamais été proposé dans notre langue, rend l’emploi du substantif peu commode. Le sens que Darwin attache à ce mot n’étant expliqué et défini que dans le chap. iv, p. 116, nous devrions, pour être conséquent, ne pas l’employer ici ; mais il serait souvent difficile de rendre la pensée de l’auteur sans une périphrase, et nous préférons nous en servir dès à présent avec lui, sauf a revenir plus loin sur sa définition.