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longtemps connu par de grands voyages, par des livres d’un haut mérite et d’un vif intérêt scientifique, a émis et développé une de ces idées qui frappent les esprits faciles à s’éprendre de ce qui semble nouveau, tandis que le savant français, botaniste distingué, mais dont le nom était peu répandu en dehors de sa spécialité, s’était imposé la tâche modeste de réunir et de discuter un vaste ensemble de preuves à l’appui d’une opinion ancienne, adoptée par le plus grand nombre des naturalistes ? C’est ce qui est au moins probable, mais qu’il serait inutile de chercher à approfondir ici.


examen du livre de M. Darwin


Nous commencerons par l’ouvrage de M. Darwin, intitulé : De l’origine des espèces ou des lois du progrès chez les êtres organisés[1]. Il devra nous arrêter assez longtemps, parce que les motifs accumulés pour prouver la variabilité de l’espèce sont toujours beaucoup plus nombreux que ceux invoqués à l’appui de l’opinion contraire. Celle-ci n’a besoin que de l’exposition des faits ordinaires et d’une simple hypothèse pour l’expliquer, tandis que celle-là doit avoir recours à une multitude de faits d’ordres différents, d’interprétations, de recherches, d’expérimentations même plus ou moins compliquées.

En outre, le succès que le livre a obtenu, surtout en Angleterre, nous oblige de l’examiner sérieusement pour nous rendre compte des causes et de la légitimité de son succès, pour savoir jusqu’à quel point l’hypothèse sur laquelle il repose doit être. regardée comme fondée, ce qu’elle explique et ce qu’elle n’explique pas, si elle est nouvelle ou non, si l’auteur en déduit toutes les conséquences qu’elle comporte et si celles-ci à leur

  1. On the origin of species by means of natural sélection, etc., un vol ; in-8. Londres, 1859. ─ 3e éd., 1861. Traduction française par mademoiselle Ch. Aug. Royer, avec une préface et des notes du traducteur, in-8. Paris, 1862.