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sternales avaient 16 aunes de long, puis de la dent d’un géant, longue d’un pied, et consacrée à l’empereur Tibère (Mirab. 14); de grands squelettes humains recueillis à Litrée en Égypte (Ib., 15, 16 ; Aulu-Gelle, III, 10, 11). Un sarcophage trouvé dans le voisinage d’Athènes, à l’île d’Eubée, de 100 aunes de long, renfermait un squelette de même dimension, portant pour inscription : « Je fus enseveli ici, moi, Macroséiris, après avoir vécu 5000 ans » (Ib., 17). Phlégon cite également un sarcophage de 24 aunes et un autre de 32, trouvés à Carthage (Ib., 18), et enfin un squelette de 24 aunes rencontré près du Bosphore cimmérien, et que les barbares avaient jeté dans le lac Méotis. (Mirab., 19.)

On comprend que toutes ces relations d’os fossiles d’êtres gigantesques venaient confirmer l’idée de la dégénérescence du genre humain, et le professeur Lassaulx a même cru pouvoir supposer que les sarcophages, dont nous venons de parler, prouvaient le culte ancien dont certains grands mammifères ou de grands reptiles énaliosaures auraient été l’objet. Ce culte, méconnaissant l’origine des fossiles, aurait ainsi favorisé la croyance à l’ancienne existence des géants et des héros.

On est aussi conduit à se demander si la tradition des quatre âges de l’humanité, depuis l’âge d’or jusqu’à celui de fer, qu’on trouve dans Hésiode et dans Ovide, ne remonterait pas à ce même culte des fossiles ?

La théorie du développement progressif des êtres organisés dans le temps a continué d’être enseignée comme avant l’époque d’Alexandre. Lucrèce, en reproduisant les préceptes de plusieurs sectes de la Grèce ancienne, nous en a transmis quelques parties[1].

  1. Voy. Lucrèce, de Rerum Natura ; Horace, Satyre, I, 3, 99, cité par Lyell, Antiquity of Man, p. 379. — Zénon, Cléanthe, Chrysippe, les chefs de l’école stoïque, ont professé la conflagration périodique des choses (Cf. Lassaulx, p. 34 ; Numenius, chez Eusèbe, Pr. év., XV, 18 ; Plutarque, Moral., p. 881, F., 955, E. 1077, B. ; Aristoclès chez Eusèbe, Pr. év., XV, 14 ; Origène Cont. Celse, IV, 14 ; V, 20 ; Lipsius, Physiologia stoicorum, II, 22 et seqq.