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sur la complication progressive organique ascendante, depuis les polypiers jusqu’aux mammifères. Son idée, à cet égard, se bornait à une modification et à une amélioration par suite de l’adaptation des organismes plus conformes au principe téléologique de l’évolution cosmique. En effet, Aristote lui-même dit (liv. II, ch. viii de sa Physique) que, suivant Empédocle, les types des βουγενῆ ἀνδρόπρωρα se sont éteints parce qu’ils n’étaient pas conformes au but. Enfin la dégénérescence du genre humain, telle que l’admettaient les anciens, n’était pas incompatible avec le développement progressif, car, comme on le voit dans les fragments du philosophe d’Acragas, le principe cosmique (νεῖκος) a fonctionné simultanément avec le principe chaotique (φιλότης), et l’époque de l’abaissement insensible de l’ordre des choses dans l’état chaotique n’étant pas marquée nécessairement par des catastrophes, elle a pu commencer avec les premières manifestations de la dégénérescence humaine. Dans le système de ces philosophes naturalistes, l’œuvre de la création était donc complet avec la première apparition de l’homme.

Empédocle fait dépendre tous les phénomènes de la nature du fatum (τυχή), doctrine qu’il a probablement puisée dans une fausse interprétation des corps organisés fossiles. Quoi qu’il en soit, on ne peut pas trouver une plus belle apothéose de son esprit tragique que la légende de sa mort, qui, sans avoir une valeur historique, prouverait, après ce que nous avons dit, qu’il s’est précipité dans le cratère de l’Etna, parce qu’il n’a pu supporter cette idée déduite de la fausse interprétation des fossiles, que la force créatrice a déjà plusieurs fois manqué de produire un ordre téléologique des choses, et que la physionomie cosmique actuelle n’est qu’un résultat du hasard.

Lassaulx, dans son Traité de la géologie des Grecs et des Romains, n’a pas fait une seule fois mention d’Empédocles, Gladisch, dans son opuscule Empedokles und die Ægyptier, et Sprengel, dans sa Protogæa Empedoclis, n’ont pas compris toute l’importance des passages qui se rapportent aux essais paléontologiques du philosophe d’Agrigente ; il était donc nécessaire