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même eu des unes et des autres avant la formation du soleil (Cf. Tzetses d’Hésiode).

Si nous nous reportons actuellement aux trois phases du développement de la vie, dont nous avons parlé tout à l’heure, nous pourrons supposer que la première correspond à la période où les membres vivants, isolés, étaient indépendants du corps lui-même des animaux, les κόρσαι ἀναύχενες, les têtes, les bras, les pieds, les mains (ἔμψυχα ὄντα), etc. ; que la seconde comprenait les σύμμικτα ζῶα, c’est-à-dire ces formes monstrueuses dont parlent les fragments du poëme Sur la Nature, les βουγενῆ ἀνδρόπρωρα, les ἀνδροφυῆ βούκρανα, les ἀμφίστερνα, les ἀμφιπρόσωπα, les εἰλίποδα ἀκριτόγνια, etc., et que la troisième phase a été représentée par la faune actuelle. Malgré l’absence de détails plus précis, on voit que l’idée du développement successif des êtres était certainement dans la pensée de quelques Grecs de l’antiquité, et qu’ils ont dû y être amenés par l’observation de faits géologiques.

Anaximandre, comme on l’a dit, s’y était rattaché, ainsi que Démocrite et Archélaüs, et pour tous l’homme était le dernier être créé apparu à la surface du globe. Platon et Aristote ont adopté cette même hypothèse, mais on peut être assuré que le premier n’y a pas été amené par l’observation directe, et l’on conçoit en effet qu’elle puisse aussi résulter de spéculations abstraites sur les conditions générales des choses.

Suivant Diodore de Sicile, certains philosophes croyaient que le genre humain avait existé de tout temps, mais peut-être a-t-il confondu, avec l’hypothèse d’une uniformité perpétuelle absolue, la doctrine de ceux qui, croyant au développement successif des êtres, admettaient une grande période de la nature qui se serait répétée plusieurs fois, comme les yougues des livres sanscrits se répètent aussi pour former un jour de Brama, et ces jours se répètent à leur tour pour former une vie de ce dieu.

On peut dire qu’Empédocle nous donne déjà une idée de toutes les hypothèses des anciens sur le développement progressif des êtres, sans que, cependant, il soit réellement fondé