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ne veut exprimer par ces mots : πᾶσι τοῖς κόσμοις que des périodes cosmiques est aussi remarquable, et confirme ce que nous avons dit plus haut.

Eusèbe, dans sa Préparation évangélique, reproduit brièvement l’hypothèse de Xénophane, laquelle, quoique très-imparfaitement établie sur l’existence des fossiles et sur l’observation de quelques changements contemporains survenus dans les relations des terres et des eaux, nous montre cependant, avec une certaine évidence, la croyance aux bouleversements périodiques de la terre en rapport avec la présence des fossiles. C’est tout un ensemble d’idées et de faits qu’on ne retrouve chez aucun autre philosophe de la Grèce ancienne.

On sait que Xanthus, Hérodote, Eudoxe et Aristote, tous antérieurs à l’époque d’Alexandre, ont parlé des fossiles. Xanthus, le logographe lydien cité par Strabon (I, 3), ayant observé dans l’Arménie, la Phrygie et la Lydie, à une grande distance de la mer, des pierres remplies de coquilles (λίθοντε χογχυλιώδη) et des types de cténoïdes et de chéramydes, en a conclu que ces contrées avaient été recouvertes par la mer.

Nous avons déjà cité le passage d’Hérodote, qui mentionne les coquilles pétrifiées de l’Égypte (κογχύλια φαινόμενα ἐπὶ τοῖσι οὔρεσι), mais il ne fait aucune réflexion sur cette circonstance par rapport aux dépôts du Nil ni à la mer Rouge. Eudoxe, le mathématicien de Cnide que cite Strabon (XII, 3, 42), parle des poissons fossiles (ὀρυκτοὺς ἰχθῦς) de la Paphlagonie, des environs du lac d’Ascanie, sans y ajouter aucune remarque, et Aristote, dans son Essai sur la respiration (c. ix), les mentionne également en les faisant provenir d’espèces encore vivantes dans les profondeurs de la terre où elles se pétrifient.

Ce qui nous reste des théories presque paléontologiques d’Anaximandre et d’Empédocle ne permet cependant aucune conclusion ni sur les pétrifications, ni sur leur rôle. Si l’on en croit le pseudo-Plutarque (Plac., V, 19), Anaximandre de Milet aurait avancé que les premiers animaux se sont développés dans l’eau, qu’ils étaient recouverts d’enveloppes épineuses (φιλοιοῖς περιεχόμενα ἀκανθώδεσι), dont ils se sont dépouillés en