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stratum annoncent que les Grecs connaissaient déjà la nature et l’origine sédimentaire des roches fossilifères. On pourrait dire aussi que Thalès a soutenu l’origine aqueuse des roches, puisqu’on sait qu’il regardait l’eau comme le principe palétiologique des choses ; mais à cet égard ce qu’on connaît de ce philosophe est trop peu certain pour qu’on puisse y attacher quelque importance.

Un passage attribué à Démocrite d’Abdère, dans les Géoponiques de l’empire byzantin sur l’art hydrophantique, nous a fait connaître les expressions dont on se servait alors pour caractériser les couches (ἔδαφος), que le traducteur latin a rendues par celle de solorum genera[1]. On peut donc avancer que les Grecs avaient réellement compris l’idée que nous attachons aujourd’hui au mot strate.

Une remarque essentielle dans l’interprétation des idées de la plupart des philosophes grecs qui ont parlé d’un nombre infini de mondes (ἀπείρους κόσμους), c’est qu’en général ils n’ont pas voulu dire des mondes disséminés dans l’espace, mais bien des mondes qui se sont succédé dans le temps, c’est-à-dire des périodes cosmiques. Karsten, Schaubach, Mullach, Cousin, Sturtz ont fait voir que pour Xénophane, Anaximandre, Anaximène, Empédocle, Parménide, Archélaüs et Diogène d’Apollonie, on aurait tort de rapporter aux étoiles les divers mondes ou mondes infinis dont ils parlent. Cette observation s’applique surtout à Xénophane, et si l’on voulait attribuer ces {ἀπείρους κόσμους ; aux mondes coordonnés dans l’espace, à la lune, aux planètes, aux étoiles fixes, on serait en contradiction manifeste avec ce que l’on trouve dans le pseudo-Plutarque, le pseudo-Galène, Porphyrius, Stobæus, Théodorète et plusieurs autres.

Toute l’antiquité a connu le fameux apophthegme de Xénophane : ἓν τὸ πᾶν, qui nie, de la manière la plus positive, l’idée de diversité ou de pluralité des mondes. Nous devons donc admettre

  1. Cf. l’ouvrage de l’auteur anglais, On the Failure of geological attempt in Greece, p. 32, 35, 34.