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restes d’une encyclopédie qui tendait à s’écrouler à son tour (οἷον λείψανα, κύκλον εἶναι τὰ ἀνθρώπινα). Nous verrons plus tard que les stoïques ont admis que le monde avait reproduit dans ses périodes cycliques les mêmes individus, les mêmes villes, les mêmes guerres, etc.

En résumé, les données stratigraphiques et paléontologiques modernes sont restées complètement inconnues à Aristote, et les modifications produites par les causes actuelles à la surface de la terre n’ont point fait sur son esprit une impression plus profonde que sur les auteurs de la légende des Sept Dormeurs, ou des autres traditions chez les divers peuples. La fable de ces Sept Dormeurs, qui remonte au règne de l’empereur Théodose II, appelée par Gibbon un roman philosophique, se retrouve chez les Arabes, les Hindous, les Scandinaves, les hagiographes de l’Église romaine aussi bien que chez les Grecs. Épiménide en est le héros, comme on le voit dans Diogène Laërce, et c’est, à proprement parler, une de ces légendes philosophiques communes à tous les peuples sous toutes les latitudes. Les inspirations qu’on y trouve ne sont point particulières à l’univers, mais consacrées à des réflexions morales.

Lorsqu’on prend en considération toutes ces données, on peut se demander si l’établissement de certains grands cycles astronomiques ou mieux cosmiques ne résulterait pas des observations assez nombreuses faites sur les changements de la nature inorganique à la surface de notre planète. À cet égard, on remarque qu’avant l’époque d’Alexandre il y avait des philosophes naturalistes grecs qui professaient l’apocatastasie périodique des choses. Mais les fragments qui nous sont parvenus de l’antiquité sur ce sujet sont trop incomplets pour nous prouver que ces philosophes ont été amenés à l’idée de la destruction du monde par la considération des restes fossiles, ou bien par celle des effets produits par des changements analogues à ceux de nos jours, en les supposant accumulés pendant un laps de temps presque infini. Chez d’autres philosophes, on peut encore aujourd’hui retrouver les traces plus ou moins positives des inductions vraiment géologiques.