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Empédocle, Parménide, etc., sont précisément pour les grandes catastrophes, tandis qu’Anaxagore et Aristote, qui professaient la doctrine des causes actuelles, n’ont jamais vu de fossiles, ou si, comme ce dernier, ils ont remarqué des restes de poissons pétrifiés, ils ont complètement méconnu leur origine. Cependant Anaxagore est relativement aux philosophes à bouleversements tels qu’Empédocle et Anaximandre, un véritable précurseur des idées de nos jours, car le passage de Thémistius (ad Arist., Phys. auscult., I, p. 18) affirme que, tandis qu’Empédocle croit à la cessation temporaire de l’eccrisis (ἔκκρισις ἐκ τοῦ μίγματος) des choses et veut établir des périodes, Anaxagore en soutient la continuité sans interruptions périodiques ; ce passage ne présente en effet qu’une opinion qui, dans ses rapports avec la grandeur et l’importance des changements survenus à la surface de la terre, n’exclut point des catastrophes accidentelles.

Il serait difficile d’ailleurs de comparer les causes actuelles d’Anaxagore avec celles que comprennent, sous le même nom, les géologues modernes : car, suivant le philosophe de Clazomène, la formation des étoiles serait un phénomène aussi contemporain produit par la δίνη, la περιχώρησις, enlevant chaque jour aux roches des fragments lancés dans l’espace et les embrasant.

En réalité, Aristote paraît avoir voulu dire seulement que la vie organique n’avait jamais éprouvé ni extinction de ses principaux types actuels, ni introduction d’autres types complètement nouveaux.

Pour ce qui concerne l’homme en particulier, on trouve dans sa Physique (IV, p. 14), dans le premier livre de Cœlo (c. m), dans sa Météorologie (I, 3), dans ses Problèmes (XVII, 3), dans sa Métaphysique (XII, 8), dans sa Politique (VII, 10), dans tous ses ouvrages en un mot, cette opinion, que le genre humain a présenté aussi lui-même de temps en temps des relations analogues, et de plus que les cultes, les sciences et les arts ont été déjà plusieurs fois inventés et perdus, et cela, dit-il, à l’infini (ἀπειράκις) ; que les religions de son temps ne sont que les