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sortait de la mer du Nord (la Méditerranée) et s’étendait vers l’Éthiopie ; que le golfe Arabique, dont je vais parler, allait de la mer du Sud (la mer Rouge) vers la Syrie ; et que, ces deux golfes n’étant séparés que par un petit espace, il s’en fallait peu que, après l’avoir percé, ils ne se joignissent par leurs extrémités. Si donc le Nil pouvait se détourner dans ce golfe Arabique, qui empêcherait qu’en vingt mille ans il ne vînt à bout de le combler par le limon qu’il roule sans cesse ? Pour moi, je crois qu’il y réussirait en moins de dix mille. Comment donc ce golfe égyptien dont je parle, et un plus grand encore, n’aurait-il pas pu, dans l’espace de temps qui a précédé ma naissance, être comblé par l’action d’un fleuve si grand et si capable d’opérer de tels changements ?

« XII. Je n’ai donc pas de peine à croire ce qu’on m’a dit de l’Égypte ; et moi-même je pense que les choses sont certainement de la sorte, en voyant qu’elle gagne sur les terres adjacentes, qu’on y trouve des coquillages sur les montagnes, qu’il en sort une vapeur salée qui ronge même les pyramides, et que cette montagne, qui s’étend au-dessus de Memphis, est le seul endroit de ce pays, où il y ait du sable. Ajoutez que l’Égypte ne ressemble en rien ni à l’Arabie, qui lui est contiguë, ni à la Libye, ni même à la Syrie ; car il y a des Syriens qui habitent les côtes maritimes de l’Arabie. Le sol de l’Égypte est une terre noire, crevassée et friable, comme ayant été formée du limon que le Nil ya apporté d’Éthiopie, et qu’il y a accumulé par ses débordements, au lieu qu’on sait que la terre de Libye est plus rougeâtre et plus sablonneuse, et que celle de l’Arabie et de la Syrie est plus argileuse et plus pierreuse.

« XIII. Ce que les prêtres me racontèrent de ce pays est encore une preuve de ce que j’en ai dit. Sous le roi Mœris, toutes les fois que le fleuve croissait seulement de huit coudées, il arrosait l’Égypte au-dessous de Memphis ; et, dans le temps qu’ils me parlaient ainsi, il n’y avait pas encore neuf cents ans que Mœris était mort ; mais maintenant, si le